Endeurs et innovations
Entre 1930 et 1938, Boccalatte trace des itinéraires pionniers comme celui de la face est de l'Aiguille de la Brenva, de la face ouest de l'Aiguille Noire de Peutérey et du pylône nord-est du Mont Blanc du Tacul, qui porte son nom. Ces itinéraires reflètent son approche esthétique, où la recherche de la beauté de la ligne l'emporte sur tout autre objectif. Avec le soutien d'illustres compagnons tels que Giusto Gervasutti, Renato Chabod et Ettore Castiglioni, et souvent avec son épouse Ninì Pietrasanta, également alpiniste de talent, Boccalatte a écrit des pages mémorables de l'histoire de l'escalade.
Parmi ses chefs-d'œuvre figure la face ouest de la Punta Bich sur l'Aiguille Noire de Peutérey, escaladée en 1935 avec Ninì Pietrasanta et considérée comme l'une des voies les plus difficiles et les plus emblématiques de l'époque. Son activité s'étend également aux Dolomites et aux Alpes piémontaises, où ses itinéraires expriment le même équilibre entre technique et sensibilité esthétique.
L'association avec Ninì Pietrasanta
L'association avec Ninì Pietrasanta n'est pas seulement sentimentale mais aussi alpiniste : ensemble, ils tracent des itinéraires qui représentent l'avant-garde de l'époque, comme la traversée des Aiguilles du Diable ou la première ascension du Pic Adolphe. Ninì, l'une des premières femmes à pratiquer l'alpinisme à un haut niveau, a partagé avec Boccalatte nombre de ses exploits les plus significatifs, laissant une trace indélébile dans l'histoire de cette discipline. Leur relation reflétait une idée commune de l'alpinisme, unissant les qualités humaines et techniques de chacun.
La tragédie et l'héritage
Le 24 août 1938, Boccalatte est tuée lors d'une tentative sur la face sud de l'Aiguille de Triolet, emportée par un éboulement en compagnie de son compagnon Mario Piolti. Sa mort marque la fin d'une ère d'alpinisme héroïque et romantique. En son honneur, le refuge Boccalatte-Piolti, situé sur les Grandes Jorasses, perpétue sa mémoire, représentant un point de référence pour les alpinistes abordant la face ouest du massif du Mont-Blanc.
Bibliographie et récompenses
Gabriele Boccalatte n'a pas laissé d'œuvres écrites, mais sa figure a été racontée par Ninì Pietrasanta dans le livre "Piccole e grandi ore alpine", publié à titre posthume en 1939. Ce journal, riche en détails sur ses ascensions et sa philosophie commune de l'alpinisme, offre un portrait précieux de l'homme et de l'alpiniste. La figure de Boccalatte est mentionnée dans de nombreux textes historiques, dont "Cent ans d'alpinisme italien" de Massimo Mila, qui souligne le caractère unique de son approche artistique de la montagne.
Chronologie des grandes ascensions
- 1928, 25 juillet : Première ascension du Torrione Nord-Ouest de l'Aiguillette du Tacul avec Guglielmo Parmeggiani.
- 1929, 17 août : Première ascension du Petit Capucin en face sud (voie normale ou Boccalatte) avec Renato Chabod. 1930, 31 août : Première ascension du Couloir Est-Nord-Ouest (Couloir du Diable) du Mont Blanc du Tacul.
- 1935, 1er août : Première ascension de la face ouest et de l'arête sud de la Punta Bich, Aiguille Noire de Peutérey.
- 1936, 28 août : Ouverture de la voie de la face nord-est du Mont Blanc du Tacul, qui porte aujourd'hui son nom.
- 1937, été : Première ascension de la face nord du Mont Greuvetta avec Ettore Castiglioni.
- 1938, 17 août : ouverture de la voie Gervasutti-Boccalatte sur le pilier sud-sud-ouest de la Punta Gugliermina.
Pensées finales
L'héritage de Gabriele Boccalatte réside dans la combinaison unique de la technique, de la sensibilité et de la vision de l'alpinisme en tant qu'art. Chacune de ses voies représente l'expression de la beauté et du respect de la montagne, ce qui fait de lui une référence incontournable dans l'histoire de l'escalade. Visiter le refuge Boccalatte-Piolti et parcourir ses itinéraires, c'est entrer en contact avec l'esprit d'un homme qui a vécu la montagne avec une profondeur unique.